Œuvre originale de Annie Bandez & Paul Wallfisch
Fred, The Koan of Uncertainty. Parts 1 & 2
Voici un extrait. La durée de l'œuvre complète est de 24'00".
Il s’agit ici d’une étude théâtrale de la tendance obsessionnelle à l’anthropomorphisme des tempêtes tropicales, réalisée autour d’un espace sonore tendu et de plus en plus intense. Fred, avec la voix féminine pour seul matériau, se construit autour de paroles sculptées, gutturales et menaçantes, et d’une imposante présence générale du son.
Fred est le nom d’une tempête tropicale se dirigeant vers la Floride où résident les artistes, frappée de plein fouet par les intempéries au moment de la composition de cette pièce. Une chaîne de télévision locale couvrait de près l’événement qu’elle qualifiait dans ses titres de "cône inquiétant" en raison de la forme de sa structure cyclonique. Les artistes ont transformé ce cône en koan, un support de méditation bouddhiste souvent exprimé sous la forme d’une anecdote paradoxale destinée à nous permettre de révéler des vérités essentielles, mais cachées, du soi et du monde.
Que peut nous révéler à nous-même cette tempête, ce nodule sonore, qui électrifie l’atmosphère et ravage tout sur son passage ? Et si cette leçon passait par le filtre des informations télévisées de Miami et des descriptions accrocheuses imaginées par leurs journalistes ?
La manipulation de bandes sonores a été essentielle au développement de l’art sonore, et cette pièce pousse le principe à l’extrême en utilisant des effets plug-in et une bonne dose d’humour pour procéder à la déconstruction systématique de la poésie d’Annie. Le mot Fred est décomposé en chacune de ses lettres avant d’être reconstitué dans un tonnerre si intense qu’il provoque le rire. Mais des règles strictes organisent cet apparent chaos, où tout se divise en huit et où la répétition guide l’auditeur vers un état méditatif, véritable koan dans l’œil du cyclone.