Œuvre originale de Jorge Haro
C-NOISE [radial]
Voici un extrait. La durée de l'œuvre complète est de 7'57".
Cette composition utilise des enregistrements de terrain d'Olula del Río, une petite ville andalouse où vécut le grand-père de l'artiste, des enregistrements studio d'un almirez, à savoir un ensemble mortier/pilon traditionnellement utilisé dans comme instrument de musique dans le sud de l’Espagne et une synthèse numérique.
Une énorme scie circulaire utilisée pour l'extraction du calcaire et du marbre se trouve à l'entrée du village. Frappée par l'artiste, elle sonne comme un gong, émettant un tintement métallique signifiant ainsi son propre potentiel qu'Haro parvient à extraire de sa fonction pour réaffirmer sa place au sein du paysage sonore de la communauté villageoise. Sa mise en juxtaposition avec le bruit des jeux d’enfants et les sons de l'almirez est suffisante à compléter naturellement l’œuvre, comme le dit l'artiste, « dans une sorte d'état narcotique et chaotique où le processus n'est pas complètement conscient ou rationnel mais fait partie du magma inhérent à la création".
L'œuvre de Haro, bien qu'intrinsèquement personnelle et micro-locale, fait également écho à un tournant important dans l'histoire de la musique expérimentale. David Prior le décrit ainsi dans "The Oxford Handbook of Sound Art" : « Là où Pierre Schaeffer concentrait l'attention de la musique concrète sur les caractéristiques immanentes de la textualité du son, John Cage en tirait un sens nouveau de l'importance du "son-en-soi" ».