Œuvre originale de Nyokabi Kariũki
Ochre
Voici un extrait. La durée de l'œuvre complète est de 11'42".
Nyokabi Kariũki fait entrer une journée d'hiver ensoleillée d’une rue à Florence dans le domaine de la métaphysique en en soulignant subrepticement la fragmentation de la mémoire. La pièce s’ouvre sur le son du temps suspendu transmis par les ondes, puis de la voix de l’artiste qui mêle son souffle aux vents italiens, pour se poursuivre dans une propagation collective de sonneries qui rejoint le passé au présent numérique.
La pièce s'articule autour des cloches de l'église de la Via dei Calzaiuoli, enregistrées lors d'une visite en décembre 2021. Des voix distordues et des improvisations sinueuses au piano traversent la pièce sur la pointe des pieds, avec des carillons éoliens qui s'accrochent sinistrement les uns aux autres, représentant des fragments de la visite: un souvenir réchauffé par la douceur du jaune de Florence un jour d'hiver.
Donner un son à la couleur est en soi une entreprise ambitieuse, que Kariūki aborde consciemment : « Quand je vois une couleur, j'entends un certain son ». Ocre est, selon l'auteur canadien Stan Rogal, « une couleur sonore très solitaire », mais cet amalgame poétique de sons reflète également la pratique artistique de l'enregistrement de terrain par son appréciation du lieu et de sa localité par l’artiste, dont le travail est intrinsèquement politique, même lorsqu'il est de nature poétique et apparemment fantaisiste.