En Es

Œuvre originale de Nicolás Varchausky

Poesía Federal Argentina

Voici un extrait. La durée de l'œuvre complète est de 24'11".

Les humains écoutent déjà tout ce qui se dit lovés dans le cocon secret du ventre maternel. Au théâtre, écouter aux portes est un artifice dramatique que l’on retrouve des comédies de la Rome antique aux œuvres de Shakespeare. Il existe cependant des histoires, même publiques, à ne pas mettre entre toutes les oreilles. On accède ici aux secrets de la sécurité nationale argentine sous la forme de communiqués de la police fédérale, dans une œuvre qui explore le langage officiel étatique et l’éventail de voix qui le composent. Formelle et familière à la fois, elle pervertit la logique de surveillance dans le cadre d’une radio à ondes courtes – une transmission qui démarque clairement un "secteur" géographique.

Présentée comme "poème sonore", l’imbrication de l’interférence radiophonique vient agrémenter le théâtre composé d’injonctions policières, de briefings, d’alertes, de messages journaliers, de propos haineux, de menaces directes et de revendications syndicales. Nous recevons accès à cet espace secret ainsi créé. Le caractère public et pourtant privé de l’onde courte est mis en exergue, ainsi que son utilisation traditionnelle par les forces de l’ordre. Peter K. Manning écrit en 1992 dans Information Technologies and the Police à propos de la généralisation de la radio dans l’arsenal de la police : "La radio, le véhicule de patrouille, et plus récemment, l’ordinateur ont propagé l’idée que la technologie va permettre à la police de se débarrasser de la gestion directe des désordres de la condition humaine". Poesía Federal Argentina, en exposant les secrets des officiers de la police étatique, démontre qu’ils partagent eux aussi cette condition.

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