Œuvre originale de Alan Courtis
Psicogeofonías Tenues
Voici un extrait. La durée de l'œuvre complète est de 11'10".
La fiction dans l'enregistrement de terrain ne cesse d’amplifier l’espace d'intention politique et émotionnelle qui est le sien. Psicogeofonías tenues décrit de manière cinématographique un lieu inventé dont on pourrait presque croire à l’existence, mais qui contient des contradictions internes. Cette œuvre suggestive s’appuie sur des enregistrements réalisés en Argentine, à Buenos Aires et Rosario, dans la voiture lors d’un voyage reliant les deux villes, ainsi que d'autres sons provenant notamment de la jungle péruvienne. Courtis invente ici un nouveau domaine, hybride entre les domaines d'enregistrement de terrain classiques de la psychogéographie (nos expériences psychologiques d'un espace), de la géophonie (les sons inhérents à un habitat) et de la « psychophonie » (terme qui désigne hallucinations auditives) pour donner naissance à un titre, qui, comme la pièce elle-même, est bien davantage que la somme de ses parties.
Comme le souligne l'artiste-chercheur Mark Peter Wright dans Listening After Nature : « L’extrême crédibilité du sonore non humain nous incite à repenser l’imitation et la reproduction comme dispositifs critiques et ludiques dans la pratique de l'enregistrement de terrain. [...] Feindre délibérément la nature peut mener l'écoute vers des territoires de doute productif. Le tout favorise une méfiance dans l'audition qu'une immersion romantique ».
Psicogeofonías tenues nous transporte dans un espace liminal d'auralité tendu, où deux mondes ne peuvent coexister sans que l'un ne consomme l'autre.